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douceur, quelle pureté dans ses mœurs ! Quelle profonde justesse dans ses discours ! Où a-t-il pris cette morale élevée et pure, dont lui seul a donné les leçons et l’exemple. »

« On a comparé Socrate au fils de Marie. Quelle distance entre eux ! Si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. »

Comprend-on l’effet que dut produire un tel langage à son époque ? Un philosophe associer ces deux mots, Jésus-Christ et un Dieu ! Déclarer la loi de l’Évangile supérieure à toutes les philosophies, allier la libre pensée la plus absolue au respect le plus profond de la doctrine chrétienne, et cela en plein encyclopédisme ! Au moment même où Voltaire jetait comme un cri de ralliement le mot célèbre : Écrasons l’infâme !

Ce qui devait arriver arriva. La voix de Voltaire couvrit la voix de Rousseau, non seulement pendant le XVIIIe siècle, mais pendant les trois quarts du XIXè.

Sous la Restauration, tout le parti libéral fut voltairien. Sous la monarchie de Juillet, Montalembert dit tout, en disant : « Nous sommes les fils des croisés, nous ne reculerons pas devant les fils de Voltaire. » Sous la troisième