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cette page dans une des lettres a M. de Malesherbes :

« Bientôt, de la surface de la terre, j’élevai mes idées à l’être incompréhensible qui créa et embrasse tout. L’esprit perdu dans cette immensité, je ne pensais pas, je ne raisonnais pas, je ne philosophais pas, je me sentais, avec une sorte de volupté, accablé du poids de cet infini. J’étouffais dans l’univers, et je m’écriais : O grand être ! grand être ! sans pouvoir dire ni penser rien de plus. »

Il va plus loin dans le Vicaire savoyard. Il aborde la question du christianisme et des mystères, et il écrit ces mots textuels : « Quant à la révélation, je ne l’admets, ni ne la rejette ; je rejette seulement l’obligation de la reconnaître pour être sauvé. Quand au reste, je demeure dans un doute respectueux. »

Puis vient cette page absolument extraordinaire :

« Je vous avoue que la sainteté de l’Évangile est un argument qui parle à mon cœur. Voyez les livres des philosophes, qu’ils sont petits près de celui-là ! Se peut-il qu’un livre à la fois si sublime et si simple soit l’ouvrage des hommes ? Se peut-il que celui dont il fait l’histoire soit un homme lui-même ? Quelle