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s’attachent qu’à ce qui est morbide. Pour eux, la santé morale ne compte pas ; les sentiments simples et naturels ne comptent pas. Ce qu’ils recherchent, c’est ce qu’en médecine on appelle des cas, c’est-à-dire des exceptions monstrueuses ; ajoutez que plus ces monstruosités sont petites, insaisissables, infinitésimales, enfouies dans le fond du cœur comme les animalcules dans la vase, plus la recherche les intéresse et les passionne. C’est de la littérature microbienne. Ne les prenez pas pour des disciples de notre cher et immortel Pasteur ! S’il poursuit, lui, dans nos organes et dans notre sang, les corpuscules putrides, s’il les cultive, s’il les grossit par le microscope, c’est pour les combattre et les détruire. Rien de pareil chez nos écrivains ; eux aussi, ils grossissent leurs microbes, mais c’est pour les décrire avec complaisance, pour les mettre en valeur, pour leur donner une vie qu’ils n’ont pas et les faire pulluler. De là, dans leurs livres, je ne sais quelle odeur fade et nauséabonde d’une salle d’hôpital, d’un hôpital où l’on ne guérit pas. Quel est le chef de cette école ? Rousseau. Le germe de cette psychologie maladive et de cette infectieuse doctrine est dans les Confessions.