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fils des croisés ne dédaignaient pas de prendre en main un outil qui remplaçait l’épée de leurs pères et leur servait de gagne-pain. N’a-t-on pas raconté que, pendant l’émigration, un jeune seigneur se faisait quatre ou cinq mille livres de rente en allant assaisonner des salades en ville ?

Mais les deux plus illustres disciples de Rousseau furent un héritier présomptif et un prince de la maison royale : Louis XVI et le futur Louis-Philipe.

Louis XVI avait un vrai talent de serrurier. On dit qu’il ne fut pas étranger à la confection de la fameuse armoire de fer ; et ma grand’mère m’a raconté qu’un jour il s’aventura sur le toit des Tuileries pour réparer je ne sais quelle lucarne, et qu’il serait tombé en bas, sans un couvreur qui le retint par le fond de sa culotte.

Quant à Louis-Philippe, élevé à la Jean-Jacques par Mme de Genlis, il était homme de tous états. Personne ne saignait mieux que lui, et je tiens de M. Guizot que, sous la monarchie de Juillet, la reine d’Angleterre, se promenant dans le jardin potage du château d’Eu et admirant une très belle poire, le roi s’empressa de la cueillir et, tirant un couteau de sa poche, il commença à enlever la pelure. Sur