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vint l’adolescence ; après l’adolescence, la jeunesse ; les mères s’en emparèrent de même, et, de progrès en progrès, d’envahissement en envahissement, elles en arrivèrent à ce fait, véritablement extraordinaire, que nous voyons se produire aujourd’hui dans l’éducation publique, c’est-à-dire que partout, dans les lycées de garçons comme dans les lycées de filles, les mères ont leur place et leur part.

Je me rappelle que, dans ma jeunesse, au lycée Bourbon - aujourd’hui Condorcet - les externes libres, c’est-à-dire venant directement de chez leurs parents, ne formaient qu’une minorité infime et fort dédaignée ; aujourd’hui, à Condorcet et ailleurs, ils forment tout un groupe et tiennent souvent la tête. Qui a rendu ce changement possible ? Les mères. Leurs fils, devenus écoliers, sont restés leurs élèves. Elles surveillent le départ pour le lycée, le retour du lycée, l’emploi du temps en dehors des heures du lycée. Tenue des cahiers, récitation des leçons, parfois même correction des devoirs, tout rentre dans leur domaine. J’ai connu des mères qui ont appris les premiers éléments du grec et du latin pour être capables de juger ce qu’elles examinaient ou écoutaient.

Quant aux filles, les mères ne les donnent