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Qui accompagne Alceste près des maréchaux ? Philinte. Qui s’occupe de son procès ? Philinte. Aussi franc avec Alceste qu’Alceste lui-même, tour à tour il le morigène, il le gourmande, il le conseille. Si épris qu’il soit lui-même d’Eliante, il engage son ami à répondre au penchant qu’elle a pour lui, parce qu’il serait plus heureux avec elle qu’avec Célimène. Enfin, au dénouement, quand il voit Alceste s’arracher violemment pour jamais à ce monde où triomphent les vices, que fait-il ? Il se retourne vers Eliante qui vient de lui accorder sa main, et lui adresse ces deux vers si touchants dans leur simplicité.

 
Allons, madame, allons employer toute chose
Pour rompre le dessein que son cœur se propose.


Et, aussitôt, les voilà tous deux, à peine fiancés, s’attachant aux pas de ce désespéré, pour le sauver de lui-même ! A quoi tient donc le charme étrange qu’exerce sur tout ce qui l’entoure ce farouche misanthrope ? Qu’est-ce qui fait donc de lui un être si attachant ? La lecture attentive de la première scène, où s’expose son caractère, suffit pour le faire comprendre. Sa misanthropie s’y montre violente, excessive, amère, injuste, soit ! mais