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faisant appel à Sévère, mais quand ce suprême espoir se brise, quand, au 5e acte, elle voit Polyeucte repousser avec indignation toute espèce de grâce et lui échapper à jamais, alors, dans un élan irrésistible, ne pouvant plus le retenir, elle le rejoint au moment où il marche au supplice, elle s’élance sur sa trace en s’écriant : « Je te suivrai partout ! » et elle reparaît bientôt, le front illuminé d’une joie sainte, baptisée, comme elle le dit elle-même, dans le sang du martyr, et jette à son père ce cri immortel :

 
Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée.


Quoi de plus saisissant, de plus pathétique, que les évolutions de cette grande âme, entraînée à l’amour par la foi, et à la foi par l’amour !


V

Dernière scène, dernier triomphe de la religion nouvelle.

Sévère reste seul avec son confident ; il débute par une explosion de désespoir et de rage, d’imprécations et de sanglots. Il maudit le ciel, il maudit Pauline et tombe, épuisé de larmes en s’écriant :

 
C’est donc peu de vous perdre, il faut que je vous donne,