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l’entoure des défauts propres à la faire valoir par le contraste, ou des vices qu’elle doit combattre. Tout autre est le procédé de Corneille dans Polyeucte. La foi est le personnage principal de son drame. Or, que place-t-il près d’elle ? Les plus pures vertus humaines : l’amour conjugal dans Polyeucte, l’amour dominé par le devoir dans Pauline, l’honneur et l’amour chevaleresque dans Sévère.

Voilà quel radieux cortège environne la vertu divine, et toutes ces lumières terrestres pâlissent devant elle, comme les étoiles devant le soleil qui se lève. Voilà quels ennemis la foi doit combattre, et elle fait plus que les vaincre, elle les conquiert.


I

Les trois premiers actes mettent les adversaires en présence : le quatrième les met aux prises. Rien de plus pathétique que cette lutte, rien de plus extraordinaire que cet acte. Autant de scènes, autant de coups de théâtre. Autant de situations, autant de péripéties absolument intimes. Tout s’y passe dans l’âme seule des personnages, et chacun d’eux s’élève, sous l’empire de la foi, au-dessus de ses propres passions : c’est le triomphe de l’idéal.