Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.
Quel coup de théâtre que l’entrée en scène de ce nouveau personnage… le vent du nord ! Tout change. Nous étions dans le dialogue, nous voici dans l’action ! Nous étions dans la poésie gracieuse, nous voici dans la grande poésie lyrique, presque épique ! Cette scène à trois constitue une sorte de dernier acte de tragédie, encadré dans un décor grandiose. Nous assistons à la lutte. Les efforts redoublés de l’aquilon donnent je ne sais quoi d’héroïque à l’attitude de l’arbre qui tient bon ! Le roseau, qui plie, y jette une image mélancolique et touchante, et lorsqu’enfin le chêne tombe, le fracas de sa chute… car on l’entend tomber !… le spectacle de ce géant étendu à terre de toute sa grandeur, et couvrant de ses branches fracassées cette croupe de montagne qu’il couvrait de son ombre, reporte la pensée à cette phrase de la Bible :
Quomodo cecidit potens ?