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tout sous sa plume se produit tellement en images ou en harmonies, éclate en traits de lumière si vifs, ou en accords si délicieux, qu’on est forcé de le ranger parmi les voix qui chantent… c’est un fils de la lyre. Seulement son lyrisme a cela de particulier, qu’il prend tous les tons, qu’il passe par tous les sentiments, qu’il va même jusqu’au sublime, sans qu’il y ait jamais en lui la moindre trace de déclamation, de rhétorique. Il garde toujours l’accent de la vérité, l’accent de la voix humaine. Le Paysan du Danube, le Mort et le Mourant, le Vieillard et les trois jeunes hommes en sont la preuve ! Eh bien, joignons-y le Chêne et le Roseau, car, y a-t-il rien de plus poétique et de plus parlé à la fois que ces traits charmants,

 
Un roitelet pour vous est un pesant fardeau…
Le moindre vent qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau…
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Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr.


La fin est plus caractéristique encore.

 
Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’arbre tient bon ; le roseau plie.