Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/358

Cette page n’a pas encore été corrigée

manuscrits de famille, correspondances secrètes ; ils dépouillent tout ! Ils dévoilent tout ! Ils démasquent tout ! Ils revisent les grands problèmes. Ils refont les portraits des grands hommes ; et comme leurs études portent presque toutes sur le XIXe siècle, c’est-à-dire sur ce qui nous touche, ils nous passionnent en nous instruisant, et jettent un flot de vie puissante et nouvelle dans l’étude du passé.

Je disais quelque chose de tout cela un jour à l’Académie à un des plus brillants représentants de cette jeune école. ― « Si vous parlez de nous, me dit-il vivement, n’oubliez pas de nous faire des reproches. ― Quels reproches ? ― Ceux que nous méritons. ― Lesquels ? ― Notre besoin de creuser nous cantonne forcément dans tel ou tel coin de l’histoire. Nous oublions les idées générales. ― Tant mieux, lui répondis-je. Dans l’état actuel de toutes les connaissances humaines, on ne peut être quelqu’un, faire quelque chose, qu’en ne faisant qu’une seule chose. La spécialité seule mène à la supériorité. Le progrès général résulte de la réunion de tous les progrès particuliers. C’est justement parce que vous vous cantonnez dans un coin de l’histoire, que vous apportez une force de plus à cette école historique,