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qu’une révolution. Sujet, mœurs, personnages, situations, tout, dans ce chef-d’œuvre, étonne et enchante, tout, même le ciel sous lequel il se passe. Paul et Virginie nous ouvre à la fois deux nouveaux mondes, le monde de la nature avec toutes ses splendeurs, le monde de l’âme dans toute sa pureté. Cette jeune fille, préférant la mort à la honte de paraître nue devant l’homme qui veut la sauver, n’est-elle pas l’image même de la pudeur ? Après Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand : Atala, elle aussi, sacrifie sa vie à son vœu de chasteté, et c’est sous les auspices de ces deux génies poétiques, que le Roman moderne entre dans sa voie nouvelle : l’idéal.

Les années s’écoulent, puis, bientôt, peu à peu, un à un, l’élite des plus illustres écrivains du XIXe siècle pénètre et se répand dans le domaine entier de la fiction romanesque. Chacun y représente un côté différent : Balzac, le Roman social ; E. Sue, le Roman socialiste ; G. Sand, le Roman de la passion ; A. de Musset, le Roman de la fantaisie ; A. Dumas, le Roman historique ; O. Feuillet et Sandreau, le Roman du grand monde... Je m’arrête, car ces noms sont dans toutes les mémoires, et il me suffira d’y joindre Lamartine et Victor Hugo, qui n’ont