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un conquérant. Autant de recueils de vers, autant d’annexions. Il annexe à son œuvre l’Orient dans les Orientales ; la vie de famille dans les Feuilles d’automne ; la philosophie dans les Contemplations ; l’histoire dans la Légende des siècles ; la satyre dans les Châtiments... sans compter ses derniers volumes, où il ajoute Dieu, Satan, l’Infini, l’Incommensurable, l’Inexprimable... Que sais-je ? Il me fait l’effet de Napoléon visant à englober l’Europe, voire l’Asie dans la France.

Lamartine disait spirituellement de lui-même : « Ce qui me manque, c’est la petite histoire ». Il avait raison. Sauf dans Jocelyn, les faits et les hommes disparaissent dans son œuvre. Toutes ses inspirations se tournent en hymnes, en prières, en invocations, en cantiques. Quand on tâche de définir l’impression qu’on éprouve en le lisant, il faut chercher des comparaisons dans ce qui plane, dans ce qui émane, dans ce qui s’exhale... les vapeurs de l’encens ou le parfum des fleurs.

Chez Victor Hugo, au contraire, le dramaturge va de pair avec le poète. Son œuvre scénique est presque égale à son œuvre lyrique. Théâtrale et autant que tragique, la mise en scène dans ses pièces n’a pas moins de valeur que