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Je n’en prendrai que deux exemples : le Crucifix et Jocelyn.

Quoi de plus simple que le début du Crucifix ? Une jeune femme meurt en pressant un crucifix sur sa poitrine ; le prêtre dégage le pieux symbole des mains crispées et le remet à celui qui survit et qui pleure. Eh bien ! c’est de ce point de départ si familier, si modeste, que Lamartine s’élève, de strophe en strophe, à une des plus sublimes compositions poétiques qu’ait créées le génie humain. L’histoire de ce Crucifix devient l’histoire du Christ lui-même. Passant de main en main, légué de siècle en siècle, de race en race, il nous représente, dans sa marche, l’éternel consolateur, l’éternel bienfaiteur, l’éternel conseiller, et nous conduit à travers les âges jusqu’au jour

 
Où des cieux perçant la voûte sombre
Une voix dans le ciel, les appelant sept fois
Ensemble éveillera ceux qui dorment à l’ombre
De l’éternelle croix


Jocelyn va plus loin encore. Le poète ne se borne pas à nous peindre l’union des deux amours dans le même cœur, il nous les fait voir en lutte l’un contre l’autre. L’immolation de la passion à la foi, tel est le sujet de Jocelyn. Mais ce qui est le plus frappant, c’est que les