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maîtres ont été à la fois innovateurs et conservateurs. Corneille et Racine ont renouvelé la tragédie ; Molière, la comédie ; La Fontaine, la fable ; Bossuet, l’éloquence ; Pascal, la prose ; sans oublier Boileau qui frappait si bien les mots de bon sens, en médaille, que nul poète n’a laissé tant de vers devenus proverbes.

Mais en même temps, tous aussi, ils ont respecté le génie national, la langue nationale ; ils n’ont ni renié, ni renversé le passé ; ils l’ont continué en l’agrandissant, en le fécondant ! Ils ont été à la fois des hommes de progrès et des hommes de tradition.

En peut-on dire autant de Lamartine et de Victor Hugo ? Sont-ils à la fois innovateurs et conservateurs ? Interrogeons les faits.

Qu’était la poésie lyrique au XVIIe siècle ? Rien. Les chœurs d’Esther et d’Athalie, si célèbres qu’ils soient, ne constituent pas un genre. Au XVIIIe ? Rien. A. Chénier a seul survécu, et A. Chénier n’est pas un chef d’école, c’est seulement un précurseur. Qu’est la poésie lyrique au XIXe ? Un de nos plus beaux titres de gloire. Or quels ont été les chefs reconnus de cette grande révolution ? Lamartine et Victor Hugo.

Voilà donc notre question résolue sur un