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Pasteur eut le désir de se présenter à l’Académie française, il voulut bien me consulter à ce sujet ; j’en parlai à A. Dumas. « Je lui défends, me répondit-il vivement, de venir me demander ma voix, c’est moi, qui irai la lui porter ; je tiens à le remercier de l’honneur qu’il nous fait en désirant être des nôtres. »

L’année dernière, quand Pasteur fut condamné à ne plus sortir de son fauteuil, Dumas, le jour de l’an, arrive rue Dutot avec un paquet de roses. Le malade ne put retenir ses larmes en voyant ces belles fleurs tomber sur ses genoux, de ces mains-là : mais Dumas ne le laissa pas s’attendrir, et il se mit à être si charmant, si amusant, si gai, si coquet d’esprit que, quand il fut parti, enfants et petits-enfants s’écrièrent : « Quel bonheur ! il l’a fait rire ! »

Enfin, le jour des obsèques de Pasteur, M. Vallery-Radot trouva cette lettre à son adresse :

Cher monsieur,

Je suis dans un état de santé qui ne me permet pas de supporter les trois ou quatre heures de la cérémonie d’aujourd’hui. D’un autre côté, je ne puis me faire à cette idée que je n’aurai pas porté mon tribut personnel à ce cher grand homme.