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CHAPITRE III

TOUT LA FONTAINE EN UNE SEULE FABLE


I

La gloire de La Fontaine reste inexplicable pour moi par un côté.

Comment se peut-il qu’un poète qui n’a fait qu’imiter soit inimitable ?

Comment se peut-il que dans l’éblouissante pléiade des grands génies du XVIIe siècle, un simple fabuliste soit seul resté à l’état d’étoile fixe ?

Corneille et Racine, Bossuet et Fénelon ont eu des hauts et des bas de renommée ; on les a, tour à tour, opposés ou préférés l’un à l’autre ; Molière même, il y a quarante ans, avait perdu au théâtre quelque chose de la faveur publique, il faisait moins d’argent. Seul, La Fontaine n’a pas subi un seul moment d’éclipse. Un curieux document statistique nous a appris récemment que de tous les grands