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un fait accessoire, dont la valeur ne se dégage qu’avec le temps et la réflexion.

Personne de nous qui ait suivi sans émotion le passage de cette petite grande-duchesse à travers nos fêtes. Il y avait un contraste émouvant entre l’âge de cette enfant et son titre ; entre ces splendeurs grandioses et l’apparition de cet être ingénu. Les hasards de ses promenades dans Paris nous intéressaient. Sa voiture reconnue et acclamée, ses petits cris de joie, ses petites mains s’agitant comme pour remercier, mettaient entre elle et la foule je ne sais quelle familiarité affectueuse. On raconte qu’à Versailles, dans un moment d’attente, un homme s’écria dans la foule : « Les voilà ! » une femme du peuple répondit : « Mais non ! c’est Olga. » On dit aussi que, de toutes les acclamations enthousiastes, celle qui touchait le plus le tzar, c’était : Vive la grande-duchesse Olga ! Mais, chose singulière ! ce que ce spectacle avait de charmant, nous cachait ce qu’il avait de sérieux, et ce n’est que depuis le départ, depuis que le silence s’est fait en nous et autour de nous, que nous avons compris la signification profonde de cette présence à Paris, d’une grande-duchesse d’un an.

Quel signe des temps ! Quelle preuve irréfutable