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qui l’a quittée, c’est elle qui lui est tombée des mains !

Quatre jours plus tard, il rentre chez lui à dix heures, gai, heureux ; il s’est couché et, à quatre heures du matin, un léger soupir, un petit arrêt du cœur, et puis plus rien !... Oserai-je le dire ? je ne le plains pas, je l’envie. Quelle belle et douce fin ! Mourir jeune à quatre-vingt-trois ans ! mourir sans souffrances ! éviter les infirmités qui vous guettent ! échapper à l’horrible douleur de survivre aux siens, de se survivre à soi-même ! Oh ! certes, cette disparition subite est un terrible coup pour ceux qui restent, mais pour eux-mêmes, après les premiers transports du désespoir, n’y a-t-il pas une grande consolation à se dire que celui qu’on a tant aimé a eu la rare, la merveilleuse fortune de mettre en œuvre, de mettre en lumière tous les dons de son heureuse nature ; de n’en pas perdre un seul, et de les avoir réunis tous, dans cette dernière période de sa vie, comme pour la couronner ?