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gaieté et de malice. Le dirai-je ? Avec ses regards de bas en haut, sa lèvre inférieure avançant, et son sourire, il y avait dans sa figure quelque chose du masque de Voltaire.

Il vint à moi en me disant, avec un accent plus ému qu’à l’ordinaire. « Cher ! cher ! » puis il me tendit... sa main ?... Hélas ! non, son coude. Ses pauvres doigts, gonflés et raidis par le rhumatisme, n’osaient pas s’aventurer dans les étreintes un peu trop brusques, trop vives... Cela devait lui coûter beaucoup. Il vous offrait la main si cordialement et serrait la vôtre si affectueusement ! Son infirmité lui causait une peine plus grande encore... Il ne pouvait plus écrire. Son dernier rapport, si brillant, lui a coûté les plus vives souffrances. Il ne l’a achevé que soutenu par l’idée de faire tout haut l’éloge de celui qu’il appelait son enfant, de Déroulède.

Il me disait toujours : « C’est fini, je n’en ferai plus ! » Je le querellais là-dessus : « Taisez-vous donc, répondais-je..., vous n’avez jamais eu plus de talent. » Je lui rappelais le mot de M. Pasquier : « Il ne faut jamais cesser de faire ce qu’on fait encore bien ». Et j’ajoutais : « Ne quittez pas votre plume ! ne quittez pas votre plume ! » Hélas ! pauvre ami ! ce n’est pas lui