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phrases courtes, qui résumaient les sujets les plus graves sous une forme piquante ; ajoutez encore le tact, le goût de l’homme du monde, qui sait, en restant sincère, mesurer l’éloge, tempérer la critique, parler de tout sobrement, discrètement, indiquer, d’un trait rapide mais vif, ce qui pour d’autres demanderait une page ; et de tout cela sortait une œuvre à la fois sérieuse et légère, amusante et instructive : Res alata, comme disaient nos maîtres, et qui constitua la partie la plus personnelle, la plus originale peut-être du talent de notre ami. Son succès a été tel qu’il a rejailli même sur ses ouvrages précédents : car c’est un fait incontestable, le répertoire de Camille Doucet est en plus grande estime aujourd’hui qu’autrefois. Le secrétaire perpétuel a rendu à l’auteur dramatique le service qu’il en a reçu. Quelle jolie société de secours mutuels !

Qu’on me permette de m’arrêter un moment sur un souvenir qui me reste de lui.

C’était le jeudi 29 mars 1895. Je le vois encore, entrant dans la salle de nos séances, enveloppé dans sa grande redingote, sa petite calotte de velours sur la tête, un peu voûté, un peu cassé, car l’hiver avait fort pesé sur lui, mais les yeux plus brillants que jamais de