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ambassadeurs, des ministres passés, présents et futurs, des candidats à la veille d’être élus, et des candidats qui ne le seront jamais : un mélange tout à fait charmant de femmes élégantes, riches, titrées, spirituelles, jolies ; puis, parfois, une étoile de la Comédie-Française, traversant tous les groupes et laissant derrière elle son petit sillon lumineux. Mais, fait plus curieux, ce salon si gai était celui où il se disait peut-être le moins de mal du prochain. Je sais bien pourquoi. Pour créer un salon, il y a une chose indispensable : c’est une femme. Or, Camille Doucet en avait deux, sa femme et sa fille. Toutes deux bienveillantes et sympathiques de nature, comme lui ; elles donnaient le la de la courtoisie et de la bonté. Il était l’honneur de ce salon, elles en étaient le charme.

Restait la partie la plus difficile de son rôle de secrétaire perpétuel, le rapport annuel.

Les noms de ses devanciers étaient bien propres à l’effrayer. Il n’avait ni l’éloquence et l’élévation de vues de Villemain, ni la forte culture littéraire de M. Patin ; de plus, une partie notable des matières qu’il avait à traiter lui était étrangère.

Rien de plus frappant que la façon dont il