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Arrivons au troisième Camille Doucet, et voyons ce qu’il a dû aux deux premiers.

La grande ambition de sa vie avait été de pouvoir écrire sur sa carte : « Membre de l’Académie française. » Tous les autres titres n’étaient pour lui que secondaires à côté de celui-là.

Or, qu’arriva-t-il quand se produisit sa candidature ? C’est que, tout ce qu’il avait fait de bien s’ajoutant à tout ce qu’il avait écrit de distingué, l’Académie accueillit avec une double faveur cet homme de talent, qui avait tant de cœur, j’ajoute et tant d’esprit, car il en avait beaucoup, et du meilleur, moitié bonne grâce, moitié gaieté railleuse ; la bonne grâce faisant passer la raillerie ; la raillerie donnant du piquant à la bonne grâce.

Je n’ai jamais vu académicien plus content et plus modeste. Comme il faisait bon marché de son mérite ! Certes, il était très fier d’appeler M. Guizot ou Lamartine ses confrères, mais il semblait presque s’en excuser auprès d’eux. Je le vois encore, quand il regardait M. Villemain assis au bureau, à sa place de secrétaire perpétuel et parlant. Quelle eût été sa surprise si on lui eût dit que, quelques années plus tard, il occuperait cette même