Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

sa force, sa qualité dominante : la serviabilité.

Il était serviable de la tête aux pieds. Serviable d’esprit, serviable de cœur, serviable de jambes et, ce qui est plus rare, serviable de bourse. On prétend qu’il laisse des mémoires. Ils seront forcément incomplets. Ils ne diront jamais tous les services qu’il a rendus, tous les ingrats qu’il a faits, et dont il ne s’est vengé qu’en les obligeant encore. Ne lui en sachons pas trop de gré : il était généreux par tempérament, par nature, malgré lui..., ce qui, après tout, est peut-être la meilleure manière d’avoir des vertus solides.

Enfin n’oublions pas un dernier fait qui achève notre étude sur cette curieuse personnalité.

Ses hautes fonctions mettaient Camille Doucet en relations avec les personnages les plus considérables de la cour, avec le souverain lui-même. Les fêtes, les bals, les cérémonies, ne l’appelaient pas seuls aux Tuileries. Le directeur des théâtres avait à y traiter des questions difficiles, à y conduire des négociations délicates. Là se développèrent ses dons naturels de finesse, de tact, de mesure, de goût. Il y apprit l’art de manier les choses et les gens, et sortit de cette nouvelle épreuve, homme du monde accompli.