Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

bronchites, assister au triomphe de Giboyer, de l’Ami des femmes, de Pour la Couronne. Pendant ses dernières années, il avait, comme nous tous, laissé en route quelque peu de sa finesse d’oreilles. Tapi au fond de sa loge, il n’entendait pas absolument tout ; n’importe ! il écoutait avec les yeux ; il devinait ce qu’il ne saisissait qu’à demi ; et si, pour lui, le dialogue tournait un peu trop à la pantomime, eh bien, la pantomime... c’est encore du spectacle, et cela l’amusait toujours.

De tous les théâtres, celui qu’il affectionnait le plus, c’était le Théâtre-Français. Son cher Théâtre-Français ! C’était pour lui comme une petite patrie. Que de fois l’a-t-on vu, à l’époque de sa direction, sous l’Empire, prétexter du voisinage pour traverser la rue et monter tout doucement au cabinet de l’administrateur général du Théâtre-Français. Qu’allait-il y faire ? Causer. De quoi ? De tout : d’une scène qui l’inquiétait dans une pièce nouvelle ; d’un décor nouveau ; d’un jeune artiste à encourager ; d’un auteur émérite à satisfaire, d’un engagement à contracter. C’est lui qui a fait entrer Bressant à la Comédie-Française ; c’est lui qui y a ramené Hernani, sous l’empire. Là se montrait, dans toute sa grâce, et dans toute