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est un des auteurs que j’aie connue, le plus absolument exempts d’envie et de vanité. Il n’était pas envieux, parce qu’il admirait ; il n’était pas vaniteux, parce qu’il se comparait, et se mesurait.

Bien lui en prit, du reste, d’aimer ce que faisaient les autres et de faire autrement qu’eux, car il débuta à l’Odéon par un succès ; puis, passant les quais, il fixa définitivement son domicile littéraire rue de Richelieu. Le Baron Lafleur, les Ennemis de la maison, le Fruit défendu, la Considération, très applaudis d’abord et repris ensuite plusieurs fois avec faveur, lui donnèrent une place, au second rang sans doute, mais bien sienne, dans le grand répertoire de la Comédie-Française. Il y représenta la poésie légère, aisée, qui tient peut-être autant de l’épître que de la comédie, mais qui rappelle les plus aimables vers du XVIIIe siècle. Je me souviens encore de la première représentation du Fruit défendu ; la salle était en fête. Jamais je n’ai mieux compris le sens délicat de ce mot : Une œuvre qui fait plaisir. On reproche à Camille Doucet ses prosaïsmes :

 
Léon, je te défends de brosser ton chapeau


Augier en a écrit bien d’autres :