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« Faites entrer. »

Un homme, jeune encore, se présente, et non sans un certain embarras.

« Vous venez de la part du ministre, monsieur ?

― Oui, monsieur, et la commission dont je suis chargé par lui n’est pas sans quelque difficulté.

― Qu’est-ce ?

― Ce matin, au Conseil, M. Duruy a été très vivement interpellé par un de ses collègues à cause de vous.

― A cause de moi !

― On a assuré que, dans votre conférence de demain, vous deviez faire l’éloge de Robespierre. M. le ministre a répondu que c’était impossible, attendu qu’il vous tenait pour incapable de manquer à votre promesse. Mais enfin, l’attaque a été si précise, si vive, l’Empereur lui-même en est si frappé, que M. le ministre sent le besoin de répondre demain au Conseil par un mot direct de vous.

― Rien de plus simple, répondis-je très tranquillement, et prenant une feuille de papier, j’écrivis en grosses lettres : « Je hais Robespierre de tout mon amour pour la Liberté, pour la Justice, et pour l’Humanité. »