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qu’ils veulent envahir. Il faut absolument que je conquière ces affreux départements noirs ! que j’en chasse l’ignorance ! je ne serai heureux que lorsque toute ma carte de France sera blanche. »

Les progrès qu’il réalisa dans l’enseignement primaire furent immenses, mais ils ne furent pas les seuls. Il jeta les fondements de l’enseignement moderne, en créant les cours de Cluny ; il préluda à l’éducation publique pour les jeunes filles, en fondant pour elles les cours de la Sorbonne. Dieu sait quelles attaques furieuses lui valut cette innovation ! Mgr Dupanloup le prit violemment à partie, à la Chambre même ; il l’accusa d’arracher les jeunes filles à leurs mères ; et on sait quelle violence impétueuse enflammait la parole de Mgr Dupanloup. M. Duruy n’était pas aussi éloquent que lui ; mais il trouva dans sa conscience d’honnête homme, et dans sa conviction de citoyen, des accents d’une fermeté sincère et mâle, devant lesquels tomba tout l’emportement du fougueux évêque.

Enfin Duruy, vers 1864, eut le courage et la force de nous rendre, en partie, une de nos plus chères libertés, la liberté de la parole publique.