Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

monde, voyez-vous, la seule académie, c’est la vôtre ; il n’y a d’immortels que chez vous. »

L’élévation de Duruy eut quelque chose de tout à fait exceptionnel. Il gravit tous les degrés du pouvoir, comme les jeunes gens montent les marches d’un escalier, quatre à quatre, par un coup de faveur qui s’est trouvé un coup de justice, et cela, sans que cette extraordinaire fortune étonnât ou choquât personne, et lui inspirât à lui le moindre orgueil.

On sait le point de départ de son élévation. L’empereur Napoléon III, s’étant mis en tête d’écrire une vie de César, il lui fallut un collaborateur pour faire les recherches et préparer les documents. On lui indiqua un professeur d’histoire au lycée Henri IV, M. V. Duruy. Quinze jours après, Duruy entrait en fonction ; un mois plus tard, il était en faveur auprès du souverain. Rien de plus explicable. Napoléon III trouvait en Duruy une espèce d’homme qu’il ne connaissait pas, un être absolument simple. Il en fut stupéfait et charmé.

Les opinions politiques de Duruy le mettaient pourtant aux Tuileries dans une position bien délicate ; il était républicain ! Il s’en tira de la façon la plus inattendue, en restant républicain. Il ne cacha, il ne renia, il ne changea