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dans sa chaire de professeur ou dans son cabinet de ministre, aux Tuileries ou à la tribune, il a été le Soldat du devoir, mais, cette fois, avec d’autant plus de mérite que ce n’était pas son devoir : il avait soixante-deux ans quand son confrère le vit, le fusil sur l’épaule.

M. Duruy est un des rares membres de l’Institut qui aient été élus dans trois classes différentes, à trois titres différents : aux inscriptions et belles-lettres, comme érudit ; aux sciences morales et politiques, comme historien ; à l’Académie française, comme écrivain.

Nos deux fauteuils, à l’Académie, se touchaient ; et les deux voisins devinrent bien vite deux amis intimes.

Je n’ai jamais vu académicien si heureux de l’être. Comme je m’étonnais que cet honneur, venu après tant d’autres, lui causât tant de joie :

« Oh ! mon cher ami, me dit-il, j’ai occupé, en effet, de très beaux postes : inspecteur général de l’Université, membre du gouvernement, voire même membre de l’Institut ; eh bien, aucune de ces distinctions successives ne m’a valu autant de félicitations cordiales que mon titre d’académicien. C’est que, pour le