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Dickens m’a dit, à moi : « Savez-vous quel est, parmi nos classes laborieuses et éclairées, le poète français le plus populaire ? C’est Béranger. »

Stendhal, si fort vanté aujourd’hui, a dit dans ses Promenades d’un touriste : « Béranger est un des plus grands poètes du XIXe siècle.

Pour moi, si je voulais définir Béranger, je l’appellerais un Franklin poète.

Les ressemblances entre lui et le philosophe américain sont nombreuses.

Même amour de la liberté, même patriotisme, même goût pour le progrès, même désintéressement, même humanité, même mélange d’esprit pratique et de gaîté railleuse, même simplicité d’habitude. Mais Béranger a, de plus, une qualité rare et précieuse, l’imagination. Répandue dans ses œuvres, dans sa vie, elle leur donne un charme d’idéal tout particulier. Franklin s’arrêta toujours à la raison. Il y a en tout de l’au delà chez Béranger.