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telle mémoire, sans la défendre. Pour moi, c’est plus qu’un besoin, c’est presque un devoir. Il m’a été si paternel, que je désirerais ardemment lui payer quelque peu de ma dette. Il ne s’agit pas de lui élever une statue ; une statue ne fait revivre que la personne ; c’est lui, c’est son talent et son âme qu’il faut perpétuer. Rien de plus simple. Un monument dont il fournira seul les matériaux ; un petit volume composé de deux parties : cent pages de vers, et cent pages de prose. Une anthologie et une biographie.

Pour la première, choisir vingt-cinq ou trente de ses chansons, d’une valeur incontestable et irréprochable. Il importe grandement que ce volume puisse être mis dans toutes les mains. Je voudrais qu’on eût droit de l’appeler le Béranger des écoles. J’y joindrais des fragments, pris çà et là ; un couplet, une moitié de couplet, parfois même un vers isolé, car aucun poète, depuis La Fontaine, n’a su faire tenir autant de poésie et de pensée dans quelques syllabes. Je ne manquerais pas de donner place à quelques-unes de ses pièces les plus gaies, ce n’est pas sa moindre originalité que d’être resté, en plein romantisme, un rieur.

Quand à sa biographie, je la demanderais un