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tout ce qui venait de la Grèce l’enchantait. Rien de plus intéressant que de l’entendre parler d’Euripide et de Sophocle, qu’il ne connaissait pourtant que dans la traduction ; et j’ai toujours cru que son goût très vif pour Mérimée tenait un peu à son respect pour le seul peut-être de nos illustres d’alors qui sût le grec.

Lisons ce passage du Voyage imaginaire :

 
Arrachez-moi des fanges de Lutèce ;
Sous un beau ciel mes yeux devaient s’ouvrir.
Tout jeune aussi, je rêvais à la Grèce ;
C’est là, c’est là que je voudrais mourir.

En vain faut-il qu’on me traduise Homère,
Oui, je fus Grec ; Pythagore a raison.
Sous Périclès j’eus Athènes pour mère ;
Je visitai Socrate en sa prison.
De Phidias j’encensai les merveilles ;
De l’Ilissus j’ai vu les bords fleurir ;
J’ai sur l’Hymette éveillé les abeilles ;
C’est là, c’est là que je voudrais mourir !


VI

Notre étude n’est pas achevée. Nous avons, je crois, établi avec évidence que Béranger a une place légitime parmi nos poètes. Mais quelle place ? Doit-il figurer au premier rang ? Peut-on le comparer à Lamartine, à Victor Hugo, à de Musset ? Évidemment non. Lui-même a protesté contre une telle assimilation.