Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

La liberté, dame un peu rude.
Moi, qui dans mes vers ai chanté
Plus d’une facile beauté
Je meurs l’esclave d’une prude.

La liberté ! c’est, Monseigneur,
Une femme folle d’honneur ;
C’est une bégueule enivrée
Qui, dans la rue ou le salon,
Pour le moindre bout de galon,
Va criant : A bas la livrée !

Vos écus la feraient damner.
Au fait, pourquoi pensionner
Ma Muse indépendante et vraie ?
Je suis un sou de bon aloi ;
Mais en secret argentez-moi,
Et me voilà fausse monnaie.

Gardez vos dons : je suis peureux,
Mais, si d’un zèle généreux
Pour moi le monde vous soupçonne,
Sachez bien qui vous a vendu !
Mon cœur est un luth suspendu :
Sitôt qu’on le touche, il résonne.


J’en ai dit assez. La preuve est faite. On ne peut exclure de notre cénacle lyrique celui qui a écrit de tels vers. Achevons de le caractériser par une dernière citation.

Béranger ne savait pas le latin. Il le disait hautement, je dirais volontiers qu’il s’en vantait. Le génie romain lui était peu sympathique. Il le trouvait raide et tendu. En revanche,