Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE II

MON IGNORANCE


Mes débuts à Sèvres ne furent pas sans me causer quelque appréhension. J’arrivais dans une grande école avec un rang supérieur. Je me trouvais placé au-dessus d’une élite de professeurs, munis, par la pratique et par l’étude, d’une étendue et d’une solidité de connaissances que me manquaient. Mon premier sentiment fut donc un sentiment d’inquiétude. J’étais inquiet de mon ignorance. L’histoire, surtout, me faisait peur. Je savais le professeur un homme d’un rare mérite ; on m’avait parlé de sa grande autorité sur les élèves, et je craignais fort de me trouver, en pleine classe, en état d’infériorité vis-à-vis de lui.

Je m’en tirai assez bien dans les premiers mois, ayant soin d’écouter plus que je ne parlais, et en ne parlant que sur les points où j’étais absolument sûr de moi. Vint pourtant