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jusqu’à leur âme, et leur laissât une impression profonde et durable.

Pour cela, ne nous bornons pas aux quelques leçons de littérature ancienne éparses dans les programmes, non ! Ce que je voudrais, c’est la création d’un cours complet, méthodique, et fait en français, des principales littératures étrangères. Le professeur y mêlerait sans cesse l’interprétation et les citations traduites. L’étude de la langue proprement dite n’aurait aucune place dans ce cours, on n’y chercherait que l’appréciation intime de chacun de ces génies étrangers. Sophocle y entrerait comme Shakespeare, et Dante comme Homère. On pourrait même faire appel aux poésies populaires, et je ne doute pas que l’apparition successive de tant de formes différentes de l’inspiration poétique, ne frappât fortement l’imagination des jeunes filles et ne développât en elles un des moyens d’instruction les plus féconds : l’esprit de comparaison. Ces chefs-d’œuvre s’éclaireraient l’un l’autre par le contraste, et nos élèves comprendraient mieux le génie de la France, en voyant ce qui a été créé d’immortel dans l’art, en dehors d’elle. Veut-on la preuve évidente de l’utilité et du charme des chefs-d’œuvre étrangers dans la traduction ? Qu’on aille à la Comédie-