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littérature. L’objet principal, j’oserais presque dire l’objet unique de ce cours, devrait être de développer dans nos élèves le goût, d’apprendre à nos élèves à admirer. Le goût des choses, et le goût dans les choses, c’est-à-dire une sympathie vive mais intelligente ; une sympathie qui choisit ; une sympathie qui soit un jugement. Qu’on le sache, une jeune fille qui sentirait et expliquerait bien les beautés d’une seule fable de La Fontaine serait plus forte en littérature, mériterait un rang plus élevé dans un examen, que celle qui énumérerait l’un après l’autre, sans en oublier un seul, les noms de tous nos poètes depuis Marot, y compris la date de leur naissance et celle de leur mort. Heureusement, nous avons pour les études littéraires un modèle excellent : Sainte-Beuve. Il a su allier, dans une mesure merveilleuse, la biographie et la critique, l’intérêt humain et l’intérêt artistique. Ajouterai-je qu’ici encore Lamartine peut nous venir en aide ? Son cours familier de littérature n’est certes pas ce qu’on apprécie tant aujourd’hui, un livre fortement documenté ; mais le charme, la nouveauté des aperçus, éclatent à chaque page, et çà et là se rencontre un chef-d’œuvre. Je ne sais rien de plus délicieux que le chapitre sur l’archevêque