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cela, un seul moyen : leur rendre le mot de Patrie aussi sacré que les mots de Dieu et de famille ; leur mettre au cœur un profond amour de la France, et, pour la leur faire aimer, la leur faire connaître. Seulement, entendons-nous sur ce mot « connaître ». On ne connaît pas une nation parce qu’on sait combien elle a soutenu de guerres, combien elle a signé de traités de paix, de commerce, d’industrie, ce n’est là que le squelette de l’histoire, et ce qu’il faut à nos élèves, c’est l’histoire en chair et en os !... Que la France devienne pour les jeunes filles, comme une personne réelle dont un témoin ému leur raconte, phase à phase, toute l’existence. Ce récit doit être à la fois très sommaire et très détaillé : très sommaire pour ce qui ne les touche pas, très détaillé pour ce qui les touche. Il y a dans l’histoire une foule de choses, et de choses considérables, auxquelles les femmes restent forcément indifférentes et étrangères. Telles sont les opérations militaires, les combinaisons politiques, les organisations administratives, etc. Pour celles-là, bornez-vous aux lignes principales, aux grandes masses, aux vues d’ensemble. Mais quand vous arrivez à ce qui émeut les femmes, à ce qui, dans l’histoire, est l’âme humaine en action,