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Je commence par l’histoire.

Une première chose me frappe. La disparition de l’histoire sainte. Elle n’existe plus dans les programmes, ni de nom, ni de fait. Autrefois l’histoire sainte était le fondement de toute éducation de jeune fille, c’était trop et trop peu ; aujourd’hui, elle est noyée dans les annales des Égyptiens, des Assyriens, des Babyloniens, etc. C’est-à-dire qu’on l’a dépouillé de tout ce qui en fait l’intérêt, la couleur, le caractère, l’individualité, pour la jeter, sèche et morte, dans la plate réalité de la nomenclature. Les plus grands hommes ne sont plus que des ombres. Les plus grands noms ne sont plus que des étiquettes. Une telle exclusion me semble inexplicable. Au simple point de vue de la poésie, de l’art et de l’histoire, l’Écriture Sainte n’a-t-elle pas été l’alma parens des imaginations et des âmes pendant quinze générations ? N’a-t-elle pas produit une foule de chefs-d’œuvre ? Rayer un tel livre de l’éducation des jeunes filles, c’est tarir en elles une des plus pures sources de poésie ; c’est briser un des liens les plus sacrés entre elles et nos pères. Quelle heureuse occasion de réparer une telle faute que l’inauguration du Lycée Lamartine ! N’a-t-il pas eu, lui, pour premiers maîtres, sa