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sans cesse en haleine, et je suis sûr que, si j’ai gardé aujourd’hui encore la faculté du travail, j’en dois remercier l’École de Sèvres.

Ce n’est pas tout. Il en est des qualités affectives comme des qualités intellectuelles, l’exercice seul les conserve. La sympathie est un feu sacré, qui s’éteint avec l’âge, si on ne l’entretient pas. Or, quel meilleur sursum corda pour la vieillesse que de vivre en pleine jeunesse ! Il faut peut-être l’avoir éprouvé, pour le comprendre, combien ce commerce de plusieurs années avec tant de jeunes intelligences, si ardentes au travail, si pleines de bon vouloir, se préparant si sérieusement à une vie si sérieuse, vous intéresse profondément à elles ! Comme on a le désir de leur être utile ! et quelle force vous donne ce désir ! Je me rappelle toujours l’exemple de notre cher Bersot. Ne l’avons-nous pas vu, frappé d’un mal incurable et effroyable, épuisé de forces, rester jusqu’à son dernier jour, jusqu’à sa dernière heure, le directeur de l’École normale ? Le 31 janvier 1878, à quatre heures, je le trouvai lisant et annotant le travail d’un de ses élèves. Le lendemain, à midi, il était mort.

Qui lui a donné la force de combattre les plus atroces souffrances, de les dominer, de les