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député de simple bourgeoisie pourquoi il n’envoyait pas sa fille à un de nos lycées. « Parce que vous apprenez à vos élèves un tas de choses dont nos filles n’ont que faire. »

Qu’entendait-il par nos filles ? Ce qu’on entend par ce terme général : les jeunes filles du monde, les jeunes filles dont la dot est toute prête, la vie toute faite, qui n’auront à y représenter que le goût, l’élégance, l’amour des arts, la distinction des manières, le loisir intelligent, et qui, à ce titre, ont une réelle influence sur le jugement du public dans les questions littéraires et artistiques. Or, nos lycées peuvent-ils se passer de cette sorte d’élite ? Un enseignement public qui ne la comprendra pas ne sera-t-il pas forcément incomplet ? Nul doute. Il faut donc la conquérir à tout prix, il faut la disputer aux cours publics, aux cours privés, aux institutions particulières. Comment ? Rien de plus simple. L’Université n’a qu’à s’imiter elle-même. Qu’elle fasse pour les jeunes filles ce qu’elle a fait pour les garçons ; qu’elle crée un second enseignement, un enseignement moderne et approprié à une certaine classe d’élèves. Relisons donc, dans cette pensée, les divers programmes actuels, et cherchons ce qu’on pourrait y changer, y ajouter, y prendre.