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devancier, au contrôle d’une investigation scrupuleuse et d’une austérité de principes inflexible ; l’effet produit fut considérable, même sur M. Thiers.

Un second historien alla plus loin.

M. Lanfrey avait été sobre de critiques devant le génie militaire de l’Empereur. Le colonel Charras mit en lumière les défaillances et les fautes de ce génie, dans son livre sur la campagne de Waterloo. Écrit pour ainsi dire sur le champ de bataille même, fondé sur des témoignages directs, le livre de Charras accusa l’Empereur d’imprévoyance, d’aveuglement et d’inhabileté. Cette accusation souleva de violentes polémiques. J’ai entendu M. Cousin traiter l’ouvrage, devant M. le chancelier Pasquier, de pamphlet calomnieux. A quoi le chancelier, de ce ton péremptoire auquel son grand âge et sa longue expérience donnaient tant d’autorité, lui dit : « Monsieur Cousin, j’ai la prétention de savoir les choses qui se sont passées de mon temps, mieux que ceux qui n’y étaient pas. Le colonel Charras a dit la vérité. » Un témoignage bien inattendu confirma, pour moi, l’opinion du colonel Charras. M. Guizot m’a raconté qu’un jour où il causait avec lord Wellington de la bataille de Waterloo, le géné-