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éminemment propres à les représenter, le duc de Broglie, le père, et M. Nisard.

Voici ce qui se passa :

Le 3 avril 1856, une commission de l’Académie, dont je faisais partie, était convoquée pour entendre le discours de M. le duc de Brogkie succédant à M. de Sainte-Aulaire. M. Nisard se trouva chargé de lui répondre. Le récit du 18 Brumaire avait sa place naturelle dans le dis cours du récipiendaire, puisqu’il succédait à un des témoins de cette mémorable journée. Quand il arriva à ce passage, M. le duc de Broglie, avec la gravité austère qui caractérisait son talent, commença ainsi :

« Quelque jugement qu’on porte sur la nature et le caractère politique du 18 Brumaire, cet événement fut heureux pour la France. On peut tout exagérer, excepté le service qu’il nous a rendu. »

Puis, partant de là, il consacra deux pages entières à nous peindre la désorganisation de la France sous le Directoire, son relèvement sous le Consulat, et finit en disant :

« Le mérite du 18 Brumaire fut non seulement de nous rendre la victoire et la paix, mais de remettre dans le gouvernement le bon sens et la prévoyance ; dans l’administration, le bon