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successivement accroître encore le pouvoir de cette mémoire qui grandissait toujours.

En 1832, le duc de Reichstadt mourut à Vienne, et la mort du fils renouvela toutes les douleurs de la mort du père.

En 1836, le prince Napoléon fit sa tentative de Strasbourg. Cette échauffourée échoua, ce semble, dans le ridicule... Oui, pour les classes élevées, mais non pas pour le peuple. Elle donna un corps à ce qui n’était qu’un nom, changea un souvenir en une espérance : l’Empereur avait un héritier ! Enfin, le 21 août 1840, le gouvernement obéissant à une impulsion mystérieuse et irrésistible, M. de Rémusat, le ministre de l’intérieur, monta à la tribune et, d’une voix émue, demanda un crédit d’un million pour la translation des restes de l’Empereur à Paris. Cette déclaration tout à fait inattendue produisit dans la Chambre une sorte de commotion électrique, qui se répandit non seulement dans toute la France, mais dans l’Europe entière. Henri Heine a traduit l’émotion générale dans cette phrase caractéristique : « Le monde tressaillit à l’idée du géant de Sainte-Hélène sortant de son tombeau et se dirigeant vers la France, comme pour en reprendre possession ». Chose frappante ! pendant