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admira ses vers, mais on n’en tint compte ; et quant au vote de la Chambre, on le cassa de la plus originale façon. Les restes de Napoléon étaient proscrits... On les laissait en exil... Hé bien ! ce fut sa personne même qui fut ramenée en France ! Comment ? Rien de plus simple ; chaque soir, tous les théâtres de Paris, l’Odéon, la Porte-Saint-Martin, le Vaudeville, les Variétés, les Nouveautés, le Théâtre enfantin de M. Comte, produisirent sur la scène quelque épisode de l’Empire, c’est-à-dire l’Empereur même. On cherchait quel acteur, par sa taille, par son profil, par sa façon de mettre ses mains derrière le dos, ou de tenir sa lorgnette, pouvait le mieux rappeler le grand homme. Gobert, de la Porte-Saint-Martin, Edmond, du Cirque, se firent une réputation rien qu’avec cette ressemblance. Telle était la folie où ces espèces d’évocations jetaient la foule, que M. Provost, du Théâtre-Français, m’a raconté qu’à la Porte-Saint-Martin, dans un drame sur Sainte-Hélène où il jouait le rôle de Sir Hudson Lowe, il fut apostrophé à mi-voix par un des spectateurs de l’orchestre qui lui disait en lui montrant le poing : « Ah ! gredin ! Ah ! misérable ! Je vais te faire ton affaire tout à l’heure ! »

Bientôt trois évènements extérieurs vinrent