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non plus ; nous tous, garçons de dix-huit à vingt ans, nous étions à la fois enragés bonapartistes et enragés libéraux. Quant aux chefs politiques, leur enthousiasme était calcul ; l’alliance avec Napoléon leur apportait deux auxiliaires puissants : le peuple et l’armée. Ils firent donc de son nom une arme de guerre contre les Bourbons. Les Bourbons, revenus avec l’étranger et le drapeau blanc, représentaient la défaite nationale et l’ancien régime ; ils lui opposèrent dans Napoléon le promulgateur du Code civil, le vainqueur de l’Europe, le défenseur de l’égalité, si bien que, quand les ordonnances de Juillet précipitèrent toute la population de Paris à l’attaque de la monarchie, on peut dire qu’à la tête des assaillants se trouvait le captif de Sainte-Hélène : Napoléon est un des combattants de Juillet.

Après la victoire, le butin. Il y eut sa part.

Le 7 août 1830, quand Louis-Philippe entre à la Chambre des députés pour y être proclamé roi, Napoléon y entra avec lui ; car c’est sous le drapeau tricolore que le nouveau souverain prêta son serment. Or qu’était-ce que le drapeau tricolore, sinon le souvenir vivant de la gloire impériale, tout autant que la gloire républicaine.