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chefs-d’œuvre. On dirait un autre homme, une autre plume. Après des vers sublimes qui vous transportent, des vers charmants qui vous enchantent, des vers touchants qui vous émeuvent, des tirades entières qui vous enthousiasment ; tout à coup vous tombez comme on tombe dans une crevasse de glaciers, vous tombez, vous roulez dans une phraséologie filandreuse, dans un style de pacotille que je ne sais comment caractériser. Indigence de rimes, absence de rythmes, fausse élégance, incohérences d’images, impropriété de termes ; quelque chose de mou, de flasque, de factice, qui vous irrite et vous énerve.

Certes, Corneille aussi a fait de mauvais vers, mais ce sont des taches sur une belle étoffe ; chez Voltaire, c’est l’étoffe même qui est mauvaise, c’est la trame du style qui fait défaut ; l’Orphelin de la Chine, si admirable de conception et d’invention, est positivement illisible.

Les preuves de ce que j’avance abondent par milliers dans le répertoire de Voltaire. Je ne ferai que deux citations, qui suffiront pour expliquer ma pensée.

 
GENGIS-KHAN
Étouffez dans le sang ces fatales semences