Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le lendemain, en effet, Voltaire, en l’entendant, l’accabla d’expressions d’amitié aussi touchantes que celles de sa colère avaient été impétueuses. (Ces mots sont encore de Lekain.)

Lorsque, revenu à Paris, l’artiste fit connaître au public ce nouveau Gengis-Khan, un de ses camarades ne put s’empêcher de dire : « On voit bien qu’il revient de Ferney ! ». Qu’est-ce que Voltaire lui avait donc appris ? Rien de plus simple. L’acteur n’avait vu dans Gengis-Khan que le Tartare, le poète lui fit voir le grand homme.

La première partie de notre étude et achevée. L’analyse de ces sept tragédies et le récit qui les termine suffisent à expliquer et à justifier l’admiration du dix-huitième siècle pour Voltaire, poète tragique. Nous avons le droit de voir en lui le digne héritier de la grande école classique et le précurseur de l’école moderne.

Mais alors se pose de nouveau la seconde question qui fait le fond même de notre sujet. D’où vient l’arrêt porté par notre siècle contre son œuvre ? Comment comprendre que, dans la grande mêlée romantique de 1830, Racine, attaqué comme lui, soit sorti de la lutte, non seulement vainqueur, mais plus glorieux encore,