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traduire sur la scène en une péripétie, du pathétique le plus hardi.

Qu’est-ce que Voltaire a voulu représenter dans Gengis-Khan ? Un barbare dompté par la civilisation ! N’est-ce pas là une conception toute moderne, et où se retrouve notre goût si vif pour les dessous de l’histoire ? Au milieu des plus violents transports de sa passion féroce, Gengis-Khan se sent saisi peu à peu par l’admiration, par le respect, en face du dévouement de Zamti, de la passion conjugale et du désespoir maternel d’Idamé, de leur commune fidélité au devoir. Il a honte de ce qu’il est. Il comprend ce qu’il pourrait être. Et, étouffant la bête féroce qui rugit en lui, il s’élève, par un élan héroïque, du paroxysme de la fureur à un idéal de générosité et de clémence ; il laisse la vie aux deux enfants, il réunit les deux époux, et, quand Zamti, éperdu d’admiration et de reconnaissance, s’écrie :

 
Qui donc vous inspira ce dessein ?


il lui répond :

 
Vos vertus !


Certes ! voilà un mot qui va bien de pair avec le : Soyons amis, Cinna ! Voilà un bien bel exemple de collaboration entre le poète et l’historien,