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on se moqua de Sophocle et de son traducteur. Un acteur alla même jusqu’à dire... que « pour me punir, il fallait jouer, tel qu’il était, ce détestable quatrième acte tiré du grec, et que les sifflets se chargeraient de me convertir... » Je tins bon, et, à force de raisons, surtout de protections, j’obtins que ce chef-d’œuvre de la tragédie grecque parût sur notre théâtre. »

Que contenait donc ce quatrième acte ? L’incomparable scène de la double révélation entre Œdipe et Jocaste, où le jeune poète, en imitant Sophocle, se montra l’égal de Racine imitant Euripide.

Voltaire n’est-il pas déjà là tout entier, avec son génie dans la pièce, et son esprit dans la lettre ?

Après Œdipe, Brutus, 1730. Ce n’est pas moins que toute une révolution dramatique que Brutus. Où l’écrivait l’auteur ? A Londres. Son exil en Angleterre a été pour Voltaire le chemin de Damas.

L’homme, qui passe subitement de l’atmosphère brumeuse d’une ville à l’air pur des plus hautes montagnes, n’éprouve pas une sensation plus grande de renouvellement que Voltaire arrivant de Paris à Londres. Là se dressèrent devant lui, comme deux géants, un grand